Avec de nouvelles manières pour végétaliser la ville et après la mode des murs végétaux, voici poindre l’idée de planter les toits. Cette solution permet d’isoler les bâtiments des amplitudes thermiques tout en apportant une verdure salutaire pour dépolluer et assainir l’air, apporter un surcroît d’oxygène et de bien-être aux citadins. A la campagne, un toit végétalisé augure également une meilleure intégration des bâtiments dans la nature. Voici comment s’y prendre…
Les conditions requises
Bien sûr, vous l’aurez deviné, tous les toits ne peuvent pas accueillir de végétation. Si les toits-terrasses sont les mieux adaptés, il n’en va pas de même pour les toits traditionnels par trop pentus. Dès que l’on constate une faible inclinaison du support, des techniques appropriées s’avèrent indispensables.
Avant d’entreprendre une telle réalisation sur un bâtiment existant, il est indispensable de demander l’avis d’un architecte, en particulier pour s’assurer de la solidité de la structure et du poids acceptable par m2. Bien entendu, il vous faudra tout d’abord assurer une parfaite étanchéité de la surface à couvrir pour éviter tout « dégât des eaux ». Ensuite, prévoyez la pose de bâches et géotextiles, membranes de drainage et matériau hyper léger de drainage assurent un rôle technique prépondérant.
Plusieurs entreprises spécialisées fournissent le matériel voire des kits d’installation étudiés afin de faciliter la mise en œuvre. Il sera toujours sage de prendre conseil auprès de ces spécialistes avant tout projet.
La technique au service de la créativité
La végétalisation proprement dite, hors étanchéité, consiste à étaler uniformément un mélange-support le plus léger possible. Pour ce faire, l’emploi de pouzzolane et/ ou de polystyrène est souvent indispensable.
Le drainage est aussi très important afin d’éviter toute accumulation et débordement d’eau. Prévoir aussi le poids et la fonte d’une couche de neige. La surface est généralement couverte de modules moulés en polystyrène ou plastique, légers et efficaces, assurant un vide d’air salutaire. Le substrat est ensuite étalé uniformément à leur surface. En cas de pente, prévoyez de positionner des éléments verticaux évitant le glissement du support de culture, ceci sans freiner l’écoulement naturel des eaux. La couche de substrat varie selon les cas (plantations extensives ou intensives) entre 5 cm minimum et 20 cm d’épaisseur. Le poids total au m² varie entre 50 et 300 kg au m².
La plantation est pratiquée le plus souvent en juxtaposant des rouleaux précultivés, comme pour le placage du gazon, voire des modules rigides le plus souvent constitués d’un mélange de différentes variétés d’orpins, (Sedum sp. et cv.) couvre-sol. Voilà bien les plantes les plus valeureuses.
L’emploi de diverses variétés permet alors d’obtenir un joli patchwork de feuillage et de floraisons. Ceci assure un effet immédiat après pose. Dans le cas de pente accentuée et d’une installation « rustique », la pose d’un grillage à fines mailles (à poules) fixé au toit et sur la végétation grâce à des cavaliers peut s’avérer indispensable.
Comptez deux jours de pose pour une surface de 100 m² environ.
Les personnalisations limitées
Il est bien sûr tentant d’enrichir les plaques standard de sedums employées avec son propre choix de plantes pour un effet plus original. Selon l’orientation et le climat, voici une courte liste de plantes adaptées et qui méritent d’être tentées. Insérez alors les jeunes plants dans les plaques mises en place en lardant précautionneusement le tapis juste installé.
Pour la mi-ombre en climat continental
– Campanula rotundifolia
– Prunella grandiflora
– Asplenium trichomanes (fougère)
– Polypode commun ou Polypodium vulgare (fougère)
– Duchesnea indica (fraisier)
– Saxifraga umbrosa
– Luzula nivea
– Persicaria affinis
– Lysimaque ou Lysimachia nummulartia
Pour le plein soleil en climat continental
– Ciboulette et ails d’ornement nains
– Dianthus deltoides et arenarius
– Saponaire ou Saponaria ocymoides
– Vergerette ou Hieracium
– Petrorhagia saxifraga
– Thyms rampants et en boule
– Fétuque ovine bleue et amethystina
– Origan
– Joubarbes / Sempervivum
– Geranium sanguineum
– Iris tectorum
– Millepertuis ou Hypericum polyphyllum
– Ornithogalum umbellatum (belle de onze heures)
– Muscari armeniacum
– Crocus variés
– Gazon d’Espagne ou Armeria maritima
– Silene maritima
– Euphorbia myrsinites
– Acaena sp.
– Koeleria
– Artemisia stelleriana
Pour les régions méditerranéennes et clémentes
– Pourpier ou Delosperma sp.
– Stipa tenuifolia
– Kikuyu
– Dichondra repens
– Aeonium
L’entretien
Il se limite en un arrosage succinct si l’installation est pratiquée entre mi-avril et septembre. Mais surtout, c’est un ou deux désherbages annuels qui permettront de limiter l’invasion de plantes opportunistes venues par graines portées par le vent. Il suffit bien souvent de les arracher à la main lors de visites de routine, certes faciles sur un toit-terrasse, moins aisées mais pas trop périlleuses grâce à l’emploi d’une échelle de couvreur.
Extraits du site http://mag.plantes-et-jardins.com écrit par Philippe Ferret